Crise post Covid 19 : Le Sénégal face à l’obligation d’une autosuffisance alimentaire

Voilà 60 ans depuis que le Sénégal a accédé à la magistrature  suprême, à l’instar de beaucoup d’autres pays  du sud du Sahara.

1960 marque alors une date symbolique. Les indépendances de ces pays du sud du Sahara, comme des autres pays interviennent  après  4 siècles d’esclavage et de colonisations où l’Afrique  a été dépeuplée et exploitée sous toutes les formes. Cette situation en 60 présageait  déjà d’un impératif de reconstruction au regard de ce passé trouble et du niveau de développement  technique de l’occident.

Pour ce faire l’Afrique ne pouvait compter que sur l’agriculture, le transfert de technologie espéré ne se fera jamais.

Dans certains pays (le Maghreb) l’agriculture a fait de grands pas .Mais le cas du Sénégal reste préoccupant. Le Sénégal est l’un des rares pays du continent dont le relief est peu accidenté. La quasi-totalité des terres sont planes ou l’on peut tout produire  dans le domaine de l’agriculture. Mais hélas ! Beaucoup de politiques agricoles  se sont succédés, sans rien donner. Le président Senghor  avait peut-être la chance d’une population en grande majorité paysanne et pluviométrie assez régulière. A l’époque  on notait  aussi un grand flux d’exode rural, les villageois attirés dans la capitale par la modernité et l’oisiveté en saison sèche. Mais on peut  reconnaitre que les céréales étaient produites en grande quantité.

Le président Abdou Diouf quant à lui dès son arrivée au pouvoir avait tenté de relancer l’agriculture avec sa Nouvelle Politique Economique qui consacrait  une bonne partie à l’agriculture. Mais la nouvelle politique agricole n’a pas réussi à faire démontrer le processus d’autosuffisance alimentaire. En effet beaucoup de ce que nous consommons est encore importé avec des capitaux qui pourtant  auraient  pu  développer l’agriculture sénégalaise.

Par exemple, le Mali, a réussi l’autosuffisance en riz de même que le Burkina Faso qui a initié des coopératives agricoles qui réussissent  comme par exemple ‘’Coup de pouce  Burkina ‘’

A titre indicatif 1999-2000 le Mali avait un excédent en riz de 500 tonnes alors que le Sénégal n’avait produit que 30.000 tonnes de riz, ce qui correspondait  à l’époque à 15 jours de consommation (voir archives) .Tout le reste devra être importé.

Il faut cependant reconnaitre que le président Abdou Diouf avait laissé le capital semencier arachide à 130.000 tonnes .Alors qu’actuellement il est à 75.000 tonnes.

Dans ce domaine il faudrait à défaut du transfert  de technologie toujours rêvé par les africains, développer  l’ingénierie nationale pour la fabrication  d’unité de  presse afin de permettre avec notre arachide de fournir à la consommation nationale une huile de qualité et en quantité suffisante. Cela aura sans doute  un impact tout à fait positif pour les ménages sénégalais.

Pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et une réelle relance économique  l’Etat doit libérer l’agriculture des mains de ceux qui s’accaparent  de ses fruits au détriment des paysans. Il a annoncé, pour la campagne 2020-2021  60 milliards mais il faudrait que cette somme soit rationnellement investie dans l’agriculture. Ce capital doit même  être revu à la hausse.   

Nous pensons que pour la campagne de cette année, compte tenu du contexte mondial .L’ Etat aurait dû subventionner entièrement les semences et fournir en quantité suffisante et en qualité les engrais. Alors les paysans seraient en mesure de se procurer ce dont ils auront  besoin pour leurs cultures.

N’oublions pas qu’ils sont très touchés par la crise sanitaire qui les a privés de leurs activités économiques liés aux ‘’Louma’’. Retenons que le kilogramme de la graine d’arachide coute aujourd’hui dans le marché 750f à 800f.Et il faut 75 à 90 kilogramme de graines par hectare.

L’Etat devra surtout mettre l’accent sur la production suffisante de riz et de céréales. Certaines organisations professionnelles de l’agriculture (CNCR) alertent déjà de la possible situation alimentaire mondiale après l’ère du Covid 19.

Le Président Macky Sall avait à son arrivée au pouvoir un projet ambitieux de l’autosuffisance en riz en 2017.Il faudrait évaluer ce projet  le redynamiser  pour l’atteinte des objectifs alimentaires en riz associée à la production en quantité suffisante des céréales (mil, mais, sorgho) et des légumes.

Les projets REVA (Retours vers l’agriculture) et GOANA (grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance) chers au président  Wade étaient aussi ambitieux et il y avait mis beaucoup de milliards que les << agricultures de dimanche» s’étaient accaparé pour ensuite  annoncer des quantités de productions qui ne correspondaient jamais  à la réalité. Le président Wade  avait pour ambition une production abondante de maïs.

Le président Macky devra faire la synthèse de tous ces projets agricole, dégager les fonds nécessaires en mettant de garde-fous afin de réaliser sous peu de temps l’autosuffisance alimentaire.

Aujourd’hui il y’a une pénurie en céréales au Sénégal, du fait de l’absence des maliens et burkinabé qui venaient vendre du mil et du maïs. En effet depuis la pandémie du corona virus ils ne peuvent  plus venir. Cette situation doit cesser. Le Sénégal se trouve dans l’obligation de réaliser l’autosuffisance alimentaire pour faire face aux prévisions  du PAM (programme alimentaire mondiale) et assurer la sécurité alimentaire au Sénégal, même si on n’ambitionne pas encore  l’exportation.

                                                                                                                                                  Ma Abdou Biteye   

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