C’est au début du XX ème siècle (1930-1940) que le colonisateur français tentait de séduire la classe maraboutique sénégalaise par la publication d’un journal sous le titre évocateur d’ « Islam-AOF » dont quelques feuilles étaient rédigées en langue arabe.
Avec l’indépendance, l’ancien Président du Conseil, Mamadou Dia, fonda une section arabe au Ministère de l’Information(1962), confiée au militant de l’islam Cheikh Touré, qui mit sur pied un organe paraissant en langue arabe « Al- ‘Ahdoul Jadîd » ( La Nouvelle Ère).
Avec la chute de Mamadou Dia, l’organe change de nom et -peut-être- d’orientation et de ligne rédactionnelle et devient : » Al-Oumma As-Sineghaliya » (La Nation sénégalaise ).
En 1967, le même journal change encore d’appellation pour devenir. « Al-Massîra »(La Marche), sous l’impulsion fougueuse de l’actuel Président de l’Assemblée nationale, M. Moustapha Niasse, alors Directeur de l’Information.
D’autres organes arabophones ont vu le jour dont « Annour » ( La Lumière) ( 1964) et le magazine » Ifriqya al-Mouslima » ( l’Afrique musulmane) de la Fédération des Associations islamiques du Sénégal, avant cette dernière publication, l’Union culturelle musulmane disposait déjà d’un organe : « Al-Wa’youl islâmi » ( Conscience islamique).
Vers les années 70-80, d’autres titres arabophones émergent dont. « Fikratou Tâlib » ( Pensée de l’étudiant), co-publié par Feu Sidy Lamine Niasse et votre serviteur Mamadou Bamba Ndiaye.
Mr Cheikh Tidiane Kouta sortit » Al-Asda »( Les Échos)qui marqua le début d’une presse arabophone ptivée, avec une touche nettement plus professionnelle.
« Al- Wahda » ( l’Unité) d’Abdou Karim Sarr vit le jour, puis » As-Sahwa » ( l’Éveil) de Fadhel Guèye qui sont de véritables organes commerciaux visant à capter un lectorat arabophone, dont l’ancien ministre de l’Éducation nationale, le Professeur Iba Der Thiam dit qu’ils représentent près de 35% des alphabétisés au Sénégal.
En dépit des difficultés rencontrées par ce type de presse, d’autres pionniers investissent le marché, c’est notamment le cas de Cheikh Ahmed Tidiane Niasse, promoteur du journal » Al-Moustaqbal » (l’Avenir infos) dont vous tenez la troisième édition entre les mains.
En effet, les difficultés de la presse arabophone viennent du fait qu’elle est marginalisée, comme le sont ceux qui devaient constituer son lectorat.
Confinés dans l’enseignement et ses dépendances, les arabophones du Sénégal continuent d’être exclus, pratiquement de tous les autres rouages de l’administration sénégalaise.
Une situation paradoxale, que rien ne justifie, dans un pays comme le Sénégal où la tradition de l’usage de la langue arabe est plus qu’ancestrale.
Ils est vrai que les Arabophones s’accommodent, tant bien que mal, de leur condition d’exclusion socio-administrative !
Peux conscients, d’une injustice sociale, héritée de l’époque coloniale, les Arabophones semblent se désintéresser de la marche du pays et se laissent guider, tels des moutons de panurge, par une élite francophone et francophile, qui, pourtant a fini d’étaler son incapacité au grand jour.
A quand le réveil, de ceux qu’on nomme péjorativement « les Arabisants » ?
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien ministre des Affaires religieuses