Le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal demande la mise en place d’un CONSEIL SUPERIEUR DES RELIGIEUX pour le maintien de la cohésion sociale

Depuis l’époque coloniale et le 19ième siècle qui ont vu la naissance d’un Etat-Nation dans le sens westphalien du terme, les confréries ont pu constituer des creusets de nouveaux sens dans une société sénégalaise en prise à un contexte de pacification et d’insertion dans l’économie monde et l’espace politique international. La relation marabout-disciple qui implique, sans s’y réduire, la soumission du second au premier donne aux confréries musulmanes soufies du Sénégal et aux marabouts qui en sont les tenants une dimension d’engagement citoyen. Elles ont, par ailleurs, contribué à remobiliser les populations autour de nouvelles activités économiques, sociales, culturelle, etc., en se substituant, partiellement, aux structures sociales traditionnelles, notamment auprès des populations wolof, sérère et pular du centre et du nord du Sénégal. Depuis quelques dizaines d’années, d’autres groupes non confrériques ont également développé des dynamiques d’encadrement utiles pour des franges de la population sénégalaise.

Dans l’analyse du rapport entre l’Etat et les religieux au  Sénégal,  il faut désormais compter avec de nouvelles élites intellectuelles, porteuses d’une « nouvelle conscience » particulièrement dans un contexte où la ferveur religieuse gagne toutes les catégories sociales dans une grande variété doctrinale liée à des interprétations et sensibilités de toutes sortes. Les commissions scientifiques des confréries et associations islamiques portent désormais une nouvelle dynamique d’animation de la réflexion intellectuelle, prospective et stratégique. L’intelligence des positions et des décisions au niveau des pouvoirs religieux est stimulée et structurée par ces acteurs qui reproduisent les figures des intellectuels des confréries (Cheikh Ibrahima Niasse, Cheikh Tidiane Sy, Cheikh Mbacké Gaindé Fatma, etc.). Leur nombre, leurs nouvelles compétences, leur modernisme et l’amplification de leur pensée par les réseaux en font des acteurs incontournables dans l’espace public. Ces nouvelles générations qui pour beaucoup ont fréquenté les mêmes écoles que les élites intellectuelles classiques souhaitent désormais être mieux considérées et associées aux décisions qui concernent l’avenir du pays. Sans complexe, bardés de diplômes et de compétences diverses, ils bénéficient également de la légitimité maraboutique traditionnelle et ont le potentiel pour réconcilier les élites de ce pays et lui assurer une meilleure cohésion nationale. Leurs trajectoires convergent avec celles des organisations non confrériques et des associations d’Imams, les fédérations de maitres coraniques, etc. sur les enjeux sociétaux de notre temps.

Lors d’une prise de parole à l’Université de Dakar, le Pr Souleymane Bachir Diagne rappelait que, par définition, les hommes et les femmes occupent l’espace public tels qu’ils sont, tels qu’ils pensent. Dès lors que leur manière d’être et de penser demeure fortement colorée par la religion, n’est-t-il pas irréaliste de chercher, à tout prix, à écarter les préoccupations religieuses de la sphère publique ? D’autant que cela devient banal : les hommes politiques assument de plus en plus, dans une logique d’intégration et de conjugaison, leur appartenance aux deux mondes ou encore, comme le souligne Ibrahima Thioub, à un « monde avec deux répertoires ».

La renégociation du pacte national et d’un contenu auquel les porteurs d’enjeux se reconnaissent et se réfèrent pour aujourd’hui et demain est un horizon indépassable et indispensable. Si l’image d’une société stable et sans histoires nous colle encore à la peau, la solidité de l’édifice doit être renforcée, les symboles, principes, postures et comportements rediscutés pour construire un nouveau contrat social et des consensus forts. Plus largement, les notions de « République », de « démocratie », de « laïcité », de « droits de l’homme », de « code de la famille », de « genre », sont requestionnées au Sénégal plus ou moins explicitement par de larges parts de la société depuis quelques années. La laïcité et certains droits de l’homme sont notamment regardés comme des corps étrangers provenant d’historiographies éloignées des nôtres et surtout imposés dans le package de la colonie et de la post-colonie, mission civilisatrice et durablement hégémonique par ses leviers idéologiques, économiques, éducationnels, communicationnels. Ils sont par ailleurs considérés comme des principes qui structurent le discours dominant et la pensée unique sur la gouvernance des sociétés globalisées. Toute une autre frange de la société considère par contre ces principes comme immuables et comme adaptées à la configuration institutionnelle et politique en l’état.

Les risques de confrontation et d’instrumentalisation doivent être neutralisés dans un contexte de revendications fortes pour une révolution culturelle décolonisante et une laïcité sénégalaise ouverte et conforme au poids du religieux dans notre société et nos vies. Il est impératif en notre sens de renouveler le contrat social face au renouvellement des centres névralgiques des confréries, à l’affirmation accélérée des idées, discours, pratiques et acteurs réformistes, à l’exposition et l’envahissement de l’espace public par des idéologies étrangères diverses qui mettent au défi les certitudes et mécanismes de stabilisation de la société sénégalaise depuis l’indépendance.

Au total et étant donné le poids que représentent le religieux et les religieux dans la vie individuelle et collective du Sénégal (premier au classement mondial effectué par Pew Center en 2016), la maturation d’une élite intellectuelle religieuse capable d’apporter des contributions positives dans la construction de la nation, la proposition du Cadre Unitaire est de mettre en place un Conseil Supérieur des Religieux pour aider à encadrer la nation et prévenir les ruptures morales, politiques, sociales et religieuses.

LE CADRE UNITAIRE DE L’ISLAM AU SÉNÉGAL est le réceptacle et le lieu de convergence des forces vives islamiques de ce pays. Il vient répondre aux appels maintes fois réitérés du Président de la République et des principaux acteurs religieux pour la sauvegarde du modèle sénégalais d’un islam tolérant et pour l’unité des musulmans et des croyants. Son originalité est de regrouper les courants confrériques soufi et réformistes, notamment les Comités Scientifiques des confréries Mouridiyya (Rawdou Rayaahiin), Tijaniyya (Cellule Zawiyya Tidiane de Tivaouane), Khadriyya, Layene, la famille Omarienne, les Niassènes (Ansarou Dine), les Associations islamiques comme le Rassemblement Islamique du Sénégal (RIS), la Jamaatou Ibaadou Rahmane, la Communauté Ahloul Bayt des Chiites, l’Association Islamique pour servir le Soufisme (AIS), le Forum Islamique pour le Paix, l’Association des « 1111 imams de Casamance », des membres de la Société civile, des chercheurs et universitaires, etc.

Related Articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Stay Connected

0FansJ'aime
3,803SuiveursSuivre
0AbonnésS'abonner
- Advertisement -

Latest Articles