Après sa brillante victoire à la présidentielle du 24 février 2019, le candidat de Bennoo Bokk Yaakaar M. Macky Sall avait déclaré qu’il était le président de tous les Sénégalais, y compris ceux qui n’avaient pas voté pour lui.
Il renouvelle son appel à un dialogue national inclusif. Le 28 mai 2019, dans la ferveur de la célébration de la journée nationale du Dialogue, instituée en 2016, le président Sall réitére son invite au dialogue. Aussitôt, le Dialogue politique démarre avec la participation d’une large frange de la classe politique sénégalaise. A noter tout de même, que le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Me Abdoulaye Wade a finalement boycotté le Dialogue après avoir donné l’impression de cautionner la démarche. C’est aussi le cas de Pastef d’Ousmane Sonko qui a toujours considéré qu’il s’agit là « d’une farce destinée à divertir l’opposition ».
Tous les acteurs, pouvoir comme opposition, étaient d’accord sur la nécessité de mettre sur pied un comité de pilotage, dirigé par un homme neutre et techniquement compétent. Le président Macky Sall laissa à l’opposition le privilège de proposer un profil. A l’unanimité, le nom de l’ancien président du Conseil économique et social, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Famara Ibrahima Sagna est sorti du lot.
Le 26 décembre 2019, le président de la république procéde à l’installation officielle du Comité de pilotage avec ses 120 membres et ses 8 commissions ainsi composées :
Président : Famara Ibrahima SAGNA
Vice-présidents : Aissatou MBODJ
- Mody GUIRO
- Mor NGOM
Secrétaires :
– Aby DIALLO ; - Déthié FAYE ;
- Nadjirou SALL.
Présidents de Commissions
– Commission Paix et Sécurité : Général Mamadou SOW - Commission Ressources naturelles : Général Abdoulaye FALL
– Commission Environnement et Cadre de vie : Rokhiatou GASSAMA
– Commission Modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption : Diakaria DIAW
– Commission Décentralisation et Territorialisation des politiques publiques : Saidou Nourou BA - Commission politique : Général Mamadou NIANG
– Commission économique et sociale : Baïdy AGNE
-Commission Synthèse : Marie Angélique Sagna SAVANÉ
Parmi les membres des différentes commissions, il y a des experts, des hommes politiques, des religieux, des syndicalistes, des membres de la société civile, et des opérateurs économiques, etc.
Vu sous cet angle, on pourrait dire qu’il s’agit d’un dialogue national inclusif, dans la mesure où il englobe l’essentiel des composantes de la société sénégalaise. Cependant, le mode de désignation de certains membres, pose problème. Si les politiques et les membres de la société civile ont eu l’opportunité de désigner, eux-mêmes, leurs propres représentants, il parait qu’il n’en est pas ainsi pour les religieux dont le choix des membres revenait exclusivement au pouvoir exécutif.
Il y a aussi, qu’aucun religieux ne dirige une commission ou n’occupe un poste de vice-président voire même de secrétaire !
Autrement dit, les francophones, comme d’habitude, se sont emparé des postes de responsabilité, confinant les religieux à la posture de figurants ou de faire-valoir !
Les femmes, elles, qui se savent se battre, ont été récompensées par (04) postes : Un de Première vice-présidente, deux de présidentes de commission et un de secrétaire.
En dépit de ces considérations, le Dialogue national constitue une importante tribune où le devenir de la nation sénégalaise pourrait se jouer.
Des questions fondamentales y sont abordées avec sérieux et hauteur de vue, dans un esprit d’entente cordiale et de consensus.
Pour prendre l’exemple de la Commission politique, la plus avancée des commissions, l’on se rend compte, qu’elle s’est penchée sur des problèmes qui ont souvent bloqué la vie politique nationale.
Le mode d’élection du maire, la problématique du bulletin unique, le statut du chef de l’opposition, le mode de désignation du maire de la capitale nationale, la rationalisation des partis politiques, les cumuls de fonctions (ministre ou DG/maire, chef d’Etat/chef de parti), etc., sont autant de défis démocratiques qu’il faut immédiatement relever.
Dans les autres secteurs sociaux ou économiques, il y a autant de d’incohérences à régler et d’équations à résoudre.
Au bout des trois mois qui leur ont été fixés, nous espérons, que nos « dialogueurs », nous soumettront des propositions aussi pertinentes que réalisables.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien ministre des Affaires religieuses