Les péripéties de l’islam en Occident

Ahmedou THIAM.

Le cheminement de l’islam en Occident est comparable à celui de Sisyphe vers le sommet de la montagne, à chaque fois que la poids de la pierre le freine dans son ascension, il essaye tant bien que mal de remontrer.
Cette phrase résume de manière linéaire l’histoire de l’islam en Occident.

A son apogée, l’Islam de par son épée avait étendu ses tentacules jusqu’en Europe de l’Ouest.
L’Espagne qui jadis était l‘Andalousie ( Al Andalus) avait comme religion officielle l’Islam sunnite.
Pendant presque sept siècles, elle était sous la domination des arabo-muslmans.
Les guerriers musulmans ont conquis la majeure partie de la péninsule ibérique avec une rapidité foudroyante.

Par ailleurs, c’est Abd ar-Rahman III qui unifia l’Espagne mauresque et se proclama Calife en 929.

Le lettré et ambitieux Ibn Abi Amir, connu sous le nom d’Al-Mansûr (le Victorieux) héritera de cette situation qu’il pérennisera.
Il se substitue progressivement au souverain légitime (le calife) jusqu’à sa mort en 1002. Au XIe siècle, le Califat de Cordoue se morcelle en petits royaumes : l’époque des Taïfas (1031-1094).
Cette division facilite la reconquête chrétienne venue du nord.

En 1248, les chrétiens récupèrent Séville. Seul le petit émirat de Grenade résistera jusqu’en 1492. À cette date, l’Espagne sur le plan politique était redevenue totalement chrétienne.

Après cette capitulation en Espagne certains penseurs notamment occidentaux ont annoncé la mort de l’Islam en Europe, comme l’avait fait Michel Mourre en parlant du christianisme, reprenant la formule nietzschéenne: «Dieu est mort». En 1429, ces penseurs auraient pu en dire de même de l’Islam en Europe.
Mais l’annonce de la bonne nouvelle (pour ces penseurs ) n’alla pas plus loin.
Car Aujourd’hui, la religion musulmane se fait une nouvelle jeunesse en Europe de l’Ouest.

Pourquoi l’islam attire de plus en plus de monde en Occident ?
Pour une analyse plus approfondie intéressons-nous au cas de la France.
Dans ce pays, on peut dire que l’islam y est réapparue de manière symbolique après la crise de 1945.
La vague d’immigration créée par cette situation a facilité l’installation des musulmans en Métropole.
Leur croissance démographique deviendra importante dans les années quatre-vingt.
Cette jeunesse née en France de parents émigrés (Algérie, Maroc ,Tunisie), va s’interroger sur la question de son identité.
De prime à bord, leur confession demeure l’élément qui les lie à leurs nations d’origine.
Ainsi, l’appartenance religieuse à l’Islam se déduit, alors, d’un pur effet d’appartenance identique.

D’autre part, nombreux sont les français d’origine qui se sont convertis à l’Islam car, l’idéal que promettaient les idéologies le plus attrayantes ont fini par montrer toutes ses limites.
Alors les populations vont tourner le dos à ces récits (pour paraphraser Yuval Noah Harari ), comme du temps de la chute du communisme et vont chercher refuge auprès de la religion musulmane .
Par ailleurs, il n’est pas vain de préciser qu’une bonne partie des intellectuels occidentaux convertis, choisissent généralement l’Islam soufie. On peut citer des auteurs de renommé tels que Guénon, Schuon, Éric Geoffroy, Burckhardt, Eva Vitray Meyerovitch, Martin Lings qui ont fait d’importantes productions sur l’Islam soufie.

Aujourd’hui la France fait à peu près plus de quatre millions de musulmans, dans ce groupe de personnes il y a une part importante de jeunes (plus de 7000) qui ont rejoint le rang des musulmans non pas par conviction, encore moins par identité, mais pour des raisons socio-économiques notamment la frustration. Ce groupe de jeunes là se sent généralement abandonné par l’État.
Leur haine et leur inculture font qu’ils constituent une proie facile pour les recruteurs jihadistes .
De ce fait, le terrorisme devient un moyen qui leur permet de se venger du système dont ils s’estiment oubliés .
Le cas de Khaled Kelkal est d’ailleurs assez édifiant à ce propos. En 1995, ce jeune originaire de la banlieue lyonnaise (Vaulx-en-Velin ) va être à l’origine de l’attentat perpétré dans le RER B à Saint Michel.
Il était membre du groupe Islamique armé.
En revanche, dire que son acte est motivé par une volonté de défendre l’Islam serait totalement malhonnête .
Un entretien qu’il a accordé à un universitaire allemand en 1992 (donc bien avant de passer à l’acte) et que le journal Libération a repris au moment des faits présageait déjà le futur jihadiste qu’il allait devenir . Car malgré le brillant élève qu’il était, la République ne lui donnait aucune chance pour réussir, estimait-il.
C’est cette haine refoulée qui est la véritable motivation de son acte en 1995.
Et auparavant, son passage en prison n’a fait que le radicaliser davantage.
D’ailleurs, un professeur du nom de Hugo Micheron disait : la prison, c’est L’ENA du Djihad.

Contrairement à d’autre pays occidentaux comme les Etat Unis d’Amérique, les musulmans de France pratiquent de manière difficile leur religion.

Ceci n’est guère lié à une absence des lieux de cultes mais plutôt à des contraintes administratives, en effet, la France par la Loi de 1905 est devenue laïque après un long combat avec le clergé.

Cette situation est d’ailleurs une des nombreuses raisons qui ont fait reculer le nombre de chrétiens pratiquants au pays de Marianne.

Il semble que l’Etat, par la politisation du débat sur l’Islam en France par la voix de ses représentants, insiste de plus en plus sur une conformisation des musulmans aux valeurs de la République. Pour Dominique de Villepin, l’Islam en France doit être une Islam de France. Pour d’autres -enfin les plus radicaux- l’Islam est incompatible avec les valeurs de la République car elle refuse la modernité.

Ahmedou THIAM.

Related Articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Stay Connected

0FansJ'aime
3,803SuiveursSuivre
0AbonnésS'abonner
- Advertisement -

Latest Articles