L’apparition de la maladie à coronavirus au Sénégal a eu pour conséquences directes entre autres
l’instauration de l’Etat d’urgence et du couvre-feu ainsi que la fermeture des écoles et universités
publiques et privées. Dans cet élan national pour maitriser la propagation de l’épidémie, les daara
de tous types ont fait l’objet d’une approche particulière alimentée par la stigmatisation et la
confusion avec la question plus large des enfants de la rue. Pourtant, faut il le rappeler, c’est à
partir des daaras que s’est implanté et développé l’islam dans notre pays. Le daara est un haut
lieu d’apprentissage du coran et de la vertu qui donne à l’enfant les premiers outils de sa
socialisation et sa formation spirituelle. De ce fait, le sentiment historique d’un traitement
exclusivement répressif à l’égard des daara s’accentue au moment où la sérénité et la cohésion
sociale doivent être des facteurs essentiels de la lutte contre la COVID 19 et ses conséquences
économiques.
Les acteurs de ce secteur organisés en associations et fédérations ont exprimé leurs inquiétudes au
moment où le Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre, et de la Protection des Enfants a
entrepris une vaste campagne de retrait des élèves des écoles coraniques ou daaras, en vue de les
renvoyer à leurs familles respectives. Ainsi, certains élèves se sont vus enlevés de force des mains
de leurs maitres et embarqués manu militari dans des bus qui les transportaient vers des centres
d’accueil provisoires. Cependant, une telle décision a été prise sans explication rationnelle et sans
une large concertation avec les acteurs concernés à savoir les maitres coraniques et les parents
d’élèves. Face à cette situation, des voix émanant des plus hautes autorités religieuses du pays ont
appelé à la protection et à la préservation des daaras.
Le Cadre Unitaire de l’Islam, dont la mission est de travailler pour une meilleure prise en compte
du religieux et des valeurs islamiques dans le système éducatif national, s’est saisi du dossier et a
sollicité une rencontre avec la Fédération nationale des associations des maitres coraniques du
Sénégal, la Ligue des écoles coraniques du Sénégal, et le Collectif des daaras modernes, ce 26
mai 2020. Au moment de la réouverture des classes des écoles publiques, lesdites structures ont
réfléchi ensemble sur cette situation et plus globalement sur les voies et moyens de sortir de la
crise qui affecte le sous-secteur de l’enseignement coranique au Sénégal depuis très longtemps.
A l’issue de la rencontre, ces structures recommandent :
- L’arrêt immédiat de tout retrait d’élèves des écoles coraniques partout au Sénégal
- Le retour des enfants mis en surveillance dans les centres d’accueil vers leurs daaras
respectifs. - L’extension de l’aide alimentaire de l’Etat aux écoles coraniques pour leur permettre de
poursuivre les enseignements en respectant les mesures barrières. - L’arrêt immédiat de toutes les mesures concernant la fermeture des écoles coraniques sous
aucun prétexte - La reprise du dialogue avec les acteurs en vue d’une meilleure prise en charge du soussecteur
de
l’enseignement
coranique
dans
le
système
d’éducation
formel.
SIGNATAIRES
Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal
Ligue des écoles coraniques du Sénégal
Collectif National des Daaras Modernes
Etaient représentés à la rencontre :
Fédération nationale des associations des maitres coraniques du Sénégal (Serigne Mouhamadou
Lamine Fall
Ligue des écoles coraniques du Sénégal (Serigne Khadime Ndiaye, Serigne Sam Mbacke Guede)
Collectif des daaras modernes (Chaibatou Ndiaye)
Cadre Unitaire de l’Islam Au Sénégal (Cheikh Ahmet Tidiane Sy, Djim Dramé, Abdoulaye Lam,
Cherif Mballo, Mamarame Seck, Cheikh Gueye, Babacar Cissé)