Le constat aujourd’hui est que la société sénégalaise a perdu beaucoup de ses valeurs et cela presque dans tous les domaines. Et celui qui attire notre attention demeure le mariage. Par rapport à la population féminine en âge de se marier, il y’a un faible taux de mariage. Et de nos jours, il n’existe presque pas de maison au Sénégal ou vous ne pouvez trouver une ou plusieurs filles qui attendent ou sont en train de chercher un homme. Chercher ? Oui !
En effet les choses ont complètement changé. Dans le passé la fille en âge de se marier ne pouvait jamais deviner celui qui sera son mari. Elle ne se l’imagine même pas. Sa préoccupation était surtout d’assimiler les leçons que lui donnait sa mère pour que le jour venu elle puisse être une femme modèle. L’entourage aussi jouait un rôle déterminant et complétait les enseignements de la mère qui étaient surtout d’ordre pratique.
La fille regardait sa mère faire, l’écoutait parler et imitait ses gestes de soumission et de déférence. Oui ! La fille en âge de se marier ne pouvait connaitre son futur mari par ce que c’était l’affaire des parents, des anciens qui n’en parlaient pas aux femmes.
Et si on admet que dans la littérature, la fiction imite la réalité, on peut citer quelques exemples du roman africain où le fait est relaté. Par exemple le mariage projeté de Kani à Famagan par le père Benfa, même si cela échoue, par ce que qu’avec ce roman nous sommes de plain-pied dans la modernité, a le mérite de rappeler comment les mariages dans les sociétés africaines traditionnelles se décidaient.
Et maman Téné, devant l’attitude sa fille Kani tenait à lui faire comprendre <<Qu’il appartenait aux parents de décider et aux enfants de suivre >>. C’est la fictioncertes,mais on a l’habitude de dire en littérature que la fiction côtoie la réalité. Dans la réalité c’est comme cela le mariage se décidait dans la société sénégalaise traditionnelle et jusqu’à nos jours, du moins dans certaines familles encore conservatrices.
D’ailleurs dans les cérémonies de mariages au Saloum par exemple où l’on prépare la mariée à la conduire à la maison conjugale ce fait et chanté, d’où la soumission des femmes aux normes de la société.
Au jour du départ lors de sa soirée folklorique (la dernière) on peut retenir cette chanson parmi tant d’autre << Mag na ko digee woon ban koy dige ndaw fékéewouko >> (C’est les anciens qui l’avaient décidé et personne n’y avait assisté).
Dans la société traditionnelle sénégalaise tous les actes de la vie étaient chantés. Le ménage était un acte sacré, une soumission à un destin décidé par les supérieurs. Ce n’était pas une affaire de choix. Cela justifie, l’harmonie et la cohésion sociale, voire le bonheur conjugal. Et cette vie à deux ou même à quatre, durait pour toujours, car soutenu par la soumission de la femme au mari et qui ne réclame d’autre droit, que celui d’avoir des enfants modèles.
Mais nous avons changé de culture au détriment de nos valeurs.
Ainsi le matérialisme aidant, le mariage est devenu une affaire de choix, une question de d’amour. Au lieu que la femme regagne la maison conjugale pour se ‘’fondre’’, elle y va comme pour observer. Aujourd’hui la plupart des observateurs ont remarqué que le mariage décidé par les parents dure plus longtemps que celui qui provient d’une simple rencontre des conjoints. Et présentement, la plupart des mariages sont le fruit non pas d’une décision parentale, mais d’un simple choix.
La conséquence est qu’il y’a actuellement trop de divorces au Sénégal. Dieu nous en préserve ! En réalité, dans ces types de mariage, lorsqu’il y’a problème seuls les concernés sont en mesure de trouver un compromis, tandis que dans l’autre cas, la femme n’ose même pas ou a honte de s’évader de la maison conjugal, d’abord par ce qu’on a du respect pour les parents et ensuite, on refuse d’être le sujet à débattre du voisinage.
Cette mentalité à tendance à disparaitre et beaucoup de femmes sénégalaises, tout en désirant avoir des enfants à la dimension de ceux des glorieuses « Sokhna », comme entre autres Mame Astou Diankha, Mame Diarra Bousso, Mame fawade wélé, prennent le mari comme leur égal ou réclament des droits différents des droits de l’homme. Tandis que dans son livre Sokhna Astou Sarr : « la REFERENCE », faisant allusion à Seyda Mariama Niass, Khadimatoul khour’ane, le professeur Mbaye Thiam, plus connu au Saloum sous le pseudonyme de Mbaye Khaye, dit :<< Pionnière dans l’éducation des filles, elle a démontré quotidiennement tout au long de sa vie que l’émancipation de la femme ne se résume pas à des slogans creux ou des campagnes folkloriques. >>
Il est en effet connu au Sénégal que Seyda Mariama Niass, tout en assumant son rôle d’épouse, assure aussi comme toutes les Sokhna, sa charge d’éducatrice.
Cela se comprend parce que nous avons assimilé la culture occidentale et nous avons perdu nos références. Le mariage est désormais fondé sur le matérialisme et la femme mère se modernisant de plus en plus, privilégie l’homme détenteur d’un pouvoir financier que le proche parent qui gagne sa vie dignement.
Au fur et à mesure, le mariage cesse d’être une affaire de parenté pour devenir une affaire d’argent pour la plupart. Et puisque tout le monde n’est pas riche, il y’a nécessairement un fort taux de filles ou dames qui ne répugnent pas de chercher par elles-mêmes un mari, alors que le mari est devenu une denrée rare.
De même l’exigence des familles, décourageant les hommes à demander la main de telle ou telle fille est aussi un facteur qui augmente le fort taux des << filles ou dames cherchant mari >>.
Le mariage n’est pas du commerce ni un moyen d’enrichissement, il est une recommandation divine enseigné par le prophète Mohamed (P.S.L). Il s’agit de produire des enfants modèles pour une société modèle. Auparavant la jeune fille, dès le bas âge, subissait une certaine formation de sa mère et avait constamment en tête sa vie de femme, la responsabilité qui l’attend dans sa belle-famille et la promesse qu’elle doit faire à la société. Cheikh Ibrahim Niass Baye disait << la mère est la première école de l’enfant >>
Comme nous l’avons dit plus haut, le mariage était une affaire des anciens qui en décidaient pour leurs enfants (garçons et filles confondus) sans aviser qui que ce soit. La fille en âge de se marier pouvait avoir des soupçons lorsqu’elle voit des hommes en tenue d’apparat dans la maison.
Ce même code de conduite fait que quand la fille mariée doit regagner la maison conjugale, après avoir franchi victorieusement l’étape de la chasteté, c’était une grande fête. Des soirées folkloriques sont organisées en son honneur avant le jour du départ. Les chansons qu’on profère à l’occasion, l’édifient davantage sur le fait qu’elle va changer de domicile, de vie et que des responsabilités l’attendent. Elle y adhère et l’on raconte même que certaines femmes, au moment où les anciens viennent leur donner les derniers conseils, juraient publiquement d’avoir des enfants d’une grande érudition.
Alors pour que le mariage dure et reste ce qu’il était, retournons à nos valeurs ! Cela contribuera à résoudre la problématique de l’éducation.
Ma Abdou Biteye